Avec Kamel Ouali, le Paradis Latin s’offre un show grandiose remis au goût du jour

Le Paradis Latin : le + Ancien Cabaret de Paris | Site Officiel

Le doyen des cabarets parisiens a fait confiance au chorégraphe pour signer sa nouvelle revue L’Oiseau Paradis. Un spectacle débordant d’énergie, où dialoguent avec brio tradition et modernité.

 « The show must go on ». Oui, mais pas n’importe comment. Après un an de fermeture forcée, le Paradis Latin opère un retour en force avec la reprise de sa nouvelle revue L’Oiseau Paradis, lancée une première fois en 2019. Dirigée par le chorégraphe de renom Kamel Ouali, elle est placée sous le signe de l’humour et de l’irrévérence, où tradition et modernité se bousculent dans une véritable leçon de style.

Pendant près de deux heures, Kamel Ouali déroule ses univers bigarrés à travers dix-huit tableaux époustouflants, rythmés par les pas de danse d’une troupe survoltée. Mais si le chorégraphe, grand amateur de music-hall, respecte à la lettre certains codes du cabaret, il s’amuse aussi à les revisiter. Tradition oblige, deux amoureux dansent la farandole à Montmartre, tandis qu’une chanteuse à voix se cambre dans un habit de lumière écarlate en reprenant des hits de Beyoncé.

Mais le show est ponctué de touches plus contemporaines, qui lui apportent profondeur et originalité. Si on se met à bouger des coudes sur les tubes d’ABBA, on se délecte surtout d’une bande-son plus audacieuse qui laisse échapper de la new wave ou de l’électro, des morceaux allant de Depeche Mode à Alain Bashung.

Au milieu des frous-frous, des plumes et des paillettes, des jeux de lumières et vidéos 3D laissent les convives sans-voix. On pense à ce show en trompe-l’œil de la meneuse de revue Solen Shawen, qui, en sous-vêtement couleur chair, se métamorphose en humanoïde sous des images de synthèse. La magie opère également au-dessus des têtes avec des artistes flottant dans les airs, suspendus à Pégase, cheval ailé de la mythologie grecque, descendant du ciel.

Au total, près d’une quinzaine de décors exceptionnels accompagnent le spectacle, signés Alain Lagarde, créateur reconnu pour ses décors d’opéra, de comédies musicales et pièces de théâtre. S’y ajoutent 500 costumes signatures (robes clinquantes, coiffes en tête de lion et plumes d’oiseaux) créés par la maison de couture On aura tout vu, qui a notamment collaboré avec Katy Perry.

Une revue à son image

Le mot d’ordre est à la fête, mais celle-ci rime avec l’actualité. Le chorégraphe se dévoile à travers ses portraits, et ne se prive pas de faire quelques clins d’œil aux causes qui lui sont chères. À l’image du ballet de méduses sur l’opéra de Lakmé soudain englouties par un amas de déchets.

Côté casting, on est envoûté par la voix chaude du chanteur Cyril Cinélu, grand vainqueur de la Star Acacemy 6, accompagné par la drag-queen Icee Drag On (La France a un incroyable talent). De même que par le dîner, réussi et très coloré, du chef Guy Savoy. Dans les assiettes, foie gras mi-cuit au sel de Guérande, pavé de cabillaud, patate douce «comme une brandade» et dessert citron verveine (le dîner-spectacle est à partir de 140).

Un sans-faute pour Kamel Ouali qui signe une revue audacieuse et parfaitement équilibrée, entre danse, musique, humour et décadence. « The show must go on ».

Le Paradis Latin, 28, rue du Cardinal Lemoine (5e). www.paradislatin.com

 Source: Le Figaro